Quand les objets apprennent à se partager l'espace dans un univers recomposé

La maison résonne et raisonne des chuchotements des rescapés du grand rangement du bureau-caverne aux petits trésors d'une famille naufragée.

J'entends des bribes de conversation de ci de là:

" ouf, on s'en est sortis! tu crois qu'on va rester longtemps ici?

Pousse toi, si elle m'a posé ici avant toi, c'est que j'ai priorité sur toi!

Dis donc on est aussi serrés ici qu'avant, voire plus, j'espère qu'elle va réorganiser son espace bric à brac pour nous faire de la place!

J'ai repéré un petit dé à coudre qui m'a fait de l'oeil quand on est entrés!

Rêve pas, on ne mélange pas créations et bricolage!

oh la la,tu vas pas recommencer avec ta lutte des classes, tu as vu ce que ça a donné à la soit disant révolution française?

C'est encore pire qu'avant maintenant que c'est l'argent qui mène le monde!

au moins avant, on aurait été privilégiés, puisqu'on a une particule.

eh là bas, pas de politique de tiroir!

Il sont presque aussi bruyants que la machine à coudre ou la perceuse en action, ces petits objets qui viennent d'intégrer l'univers Elle et Lui.

Mais ils posent un problème de société bien réel : la mise en commun de l'espace, et la préservation d'une certaine intimité individuelle en un lieu qui n'est pas un bien commun, et qui existait avant que Elle et Lui n'apparaissent.

Lui, quelle est sa place, se demande t-il souvent? la garage, oui mais c'est un lieu à l'écart, et pas un lieu de confort ni de repos

Son espace bureau sous l'escalier?, certes choisi par Lui, et qu'Elle a agrémenté récemment d'un éclairage adéquat, et d'un appareil de chauffage spécifique.

Il plaisante régulièrement sur le futur aménagement du chalet, avec canapé, télé, wifi, en lui disant qu'Elle devra taper à la porte pour qu'il l'invite à boire le thé.

S'il le veut.